CHARLES DE FOUCAULD

Frère Universel ou moine-soldat ?

Charles de Foucauld
Charles de Foucauld

Mon apostolat doit être l'apostolat de la bonté. En me voyant on doit dire : « Puisque cet homme est si bon, sa religion doit être bonne. » - Si l'on demande pourquoi je suis si doux et bon, je dois dire : « Parce que je suis le serviteur d'un bien plus bon que moi. Si vous saviez combien est bon mon Maître Jésus. »

                                     Charles de Foucauld, Carnets de Tamanrasset, 1909

 

ll faudrait que tous les rezzous qui apparaissent soient poursuivis et exterminés jusqu'au dernier afin que les tribus qui razzient n'aient plus de guides ( ... ); ce n'est qu'en tuant tous ces brigands jusqu'au dernier comme on pend aux vergues les pirates qu'on aura la paix ... Mais cela peut être long. Et il faut prendre des mesures immédiates.

                                 Charles de Foucauld, Lettre au général Laperrine, 4 mai 1915

 

II nous est à jamais interdit de porter ou de posséder aucune arme, ni de frapper qui que ce soit, même pour nous défendre légitimement ; nous serons comme des agneaux parmi les loups ; les agneaux sont frappés et ne frappent pas : Notre-Seigneur fut frappé et ne frappa pas ses agresseurs. Tous nos efforts tendront à avoir en nous, et à montrer à tous, la charité, la compassion, la tendresse, la bonté infinie de Notre Divin Maître.

                                      Projet de règlement de la Congrégation des petits frères de Jésus, 14 juin 1896

 

Pour le salut de la civilisation chrétienne, de la morale chrétienne, de la liberté de l'Église et de la liberté des peuples, Dieu veut une guerre longue : seule une guerre longue peut affaiblir l'Allemagne, qui était si forte, au point de la mettre à merci. La longueur de la guerre est aussi, pour les peuples alliés, une punition et une leçon dont ils avaient besoin. Espérons qu'ils en sortiront meilleurs.

                    Charles de Foucauld, Lettre à Henry de Castries, 20 novembre 1915

TABLE DES MATIÈRES

Introduction

1/ DE LA LÉGENDE À LA RÉALITÉ HISTORIQUE

1. Un itinéraire sinueux

2. L'installation aux confins du Maroc

          La question de l'esclavage

          Les opérations guerrières de la colonisation

          Le combat de Tit

3. À Tamanrasset, parmi les Touaregs

          Ouvrier de la conquête africaine

          La manière forte

          « Tout cela demande répression sévère »

          Au service de l'armée coloniale ?

4. « Dieu veut une guerre longue ... »

          « Mon esprit est au front »

          Lettres à Louis Massignon

          Contre la barbarie allemande

          « La présente guerre est une croisade »

          Benoît XV face à la guerre

5. Mort en victime de la guerre coloniale

          La construction d'un ermitage fortifié

          La menace des Senoussistes

          L'assassinat

          Le châtiment des coupables

6. Tué par des Touaregs

          Le grand paradoxe de la mort de Charles de Foucauld

          La revanche de la bataille de Tit

 

II / DE LA RÉALITÉ À L'IDÉAL ÉVANGÉliQUE

7. La « mentalité de l'époque »

          L'idéologie de l'époque

8. Ceux qui ont su résister au nationalisme

          La mort des frères ennemis

          Cette guerre n'était pas une fatalité

9. Apôtre de la non-violence ou moine-soldat ?

          La non-violence de Gandhi .

          Le devoir de défense

          Une contradiction irréductible

          La doctrine catholique de la guerre

10. Deux « héritiers » : Louis Massignon et Albert Peyriguère

          La rencontre de Gandhi et de Massignon

          Albert Peyriguère .

          L'ermite d'El Kbab

          Ne pas devenir un « chien muet »

11. «Au cœur des masses » : les petits frères de Jésus

          Petite sœur Magdeleine

          Guy Riobé

          Sœur Odette Prévost

Épilogue

Bibliographie

          Œuvres de Charles de Foucauld

          Études sur Charles de Foucauld

Quatrième de couverture

La figure de Charles de Foucauld est honorée dans le monde comme le « frère universel », vivant désarmé parmi les Touaregs et mort assassiné en 1916 en témoin de la charité évangélique.

L'histoire est universellement connue de cet aristocrate, ancien officier ordonné prêtre qui, arrivé au Sahara en 1901 , s'établit en 1905 à Tamanrasset où il installe son ermitage, partageant alors le mode de vie des Touaregs, leur langue et leur culture.

Depuis sa mort, la légende exalte l'exemplarité évangélique de l'« ermite du désert » , mais écarte ses convictions nationalistes et colonialistes. Elle ignore ainsi qu'il a soutenu les opérations de « pacification » de l'armée française contre les tribus rebelles et que, sur les traces de Barrès, il fut un ardent partisan de la guerre totale contre l'Allemagne.

En revisitant, sans intention polémique, la vie et la pensée de Charles de Foucauld, Jean-Marie Muller n'entend pas instruire son procès, mais simplement rétablir la vérité historique sur le personnage, dont le Vatican a reconnu l'« héroïcité des vertus » en 2001 , préalable à la béatification.

Avec la plus grande rigueur, il montre que, face à la conquête coloniale et à la Première Guerre mondiale, Charles de Foucauld s'est trouvé prisonnier de contradictions irréductibles entre son engagement politique et ses convictions évangéliques.

Membre fondateur du Mouvement pour une alternative non-violente (MAN), Jean-Marie Muller est directeur des études à l'Institut de recherche sur la résolution non-violente des conflits (IRNC) et écrivain.

Il est notamment l'auteur de « Le Principe de non-violence » (Desclée De Brouwer), « Gandhi l'insurgé » (Albin Michel) et « Le Courage de la non-violence » (Éditions du Relié), reconnus comme des ouvrages de référence sur la non-violence.